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Voyager dans un tout-inclus de manière écoresponsable

Partir en vacances dans un tout-inclus peut faire rêver de nombreux voyageurs. Pour un séjour sans tracas à la plage, pourquoi ne pas également tenter de diminuer son empreinte écologique ?


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Les tout-inclus, ce sont des « milieux réceptifs qui ont été construits pour accueillir des milliers de personnes avec une rotation régulière », explique Alain A. Grenier, professeur en tourisme et développement durable à l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Et pour un voyageur, il existe de nombreux avantages à partir en vacances dans un tout-inclus. Il s’agit d’une formule clés en main qui comprend généralement les déplacements (vols et transferts), l’hébergement, les repas, les boissons et des activités. Cette manière simplifiée de prendre des vacances peut ainsi répondre plus facilement au but premier du voyageur, c’est-à-dire se reposer.

Le tourisme de masse

Pourtant, « dans les années 1970, on a commencé à critiquer l’explosion du tourisme de masse. Et au lieu de corriger le problème, on a voulu créer une diversion en disant que les bons touristes ne vont pas dans les tout-inclus, ils vont plutôt faire de l’écotourisme », raconte Alain A. Grenier.

Or, « à l’époque, il y avait une mécompréhension du concept d’écotourisme. [On comprenait] que pour être “éco”, il fallait être en nature », ajoute M. Grenier, qui fait savoir que le tourisme de nature engendre aussi des impacts environnementaux. Les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées aux transports, l’érosion par piétinement et le gaspillage en sont des exemples.

Et le déplacement de voyageurs dans divers écosystèmes contribue à transférer les impacts environnementaux à de multiples endroits. Ainsi, « on a davantage intérêt à concentrer les touristes dans des milieux capables d’accueillir et de gérer de grandes masses de visiteurs », dit-il.

Malgré tout, il y a des façons de mieux encadrer les voyages dans les tout-inclus afin de réduire les impacts sur l’environnement.

Les certifications écologiques

« De plus en plus, nous avons une clientèle qui nous demande de voyager de manière écoresponsable », indique Serge H. Malaison, cofondateur et directeur général de Voyages Centaure, qui remarque que cela se manifeste surtout chez les plus jeunes générations.

À son agence de voyages, environ un voyageur sur quatre en fait la demande, expose-t-il. Les conseillers de Voyages Centaure ont d’ailleurs des connaissances en écoresponsabilité afin de mieux guider les voyageurs vers des produits qui conviennent à leurs exigences environnementales, s’ils en ont.

Et « de plus en plus, les complexes hôteliers s’assurent de s’adapter à cette nouvelle demande, [même si ceux ayant] des certifications écoresponsables sont assez limités puisque cela demande énormément de travail et d’investissements », constate M. Malaison.

Voici quelques exemples de certifications écoresponsables :

  • Green Globe est une norme de certification comprenant 44 critères liés à l’environnement, à la gestion durable, au patrimoine culturel ainsi qu’aux secteurs économique et social ;
  • La certification Travelife est basée sur les trois piliers du développement durable, permettant donc de couvrir les impacts environnementaux, sociaux et économiques ;
  • EarthCheck offre une certification écoresponsable établie sur plusieurs aspects, tels que les émissions de carbone, l’utilisation d’eau et du papier, les déchets générés ainsi que les impacts sur la communauté environnante et les employés ;
  • Green Key s’appuie sur 13 critères de durabilité définis par la Fondation pour l’éducation à l’environnement ;
  • ISO 14001 est une norme de l’Organisation internationale de normalisation étant notamment basée sur les performances environnementales ;
  • EU Ecolabel est une certification reconnue dans les pays de l’Union européenne étant attribuée aux produits et aux services davantage respectueux de l’environnement.

Le professeur Alain A. Grenier soutient que, bien que des lieux d’hébergement aient des certifications écoresponsables, le déplacement pour s’y rendre est tout de même à considérer.

« N’oublions pas que ces endroits-là peuvent parfois être plus éloignés. Ainsi, on est écologique au sein de l’hébergement, mais comment a-t-on fait pour se rendre là ? Certaines personnes peuvent dire avoir été dans [un hôtel écoresponsable] en Amazonie, par exemple. Mais comment se sont-elles rendues là ? En avion, en autobus, en pagayant ? », questionne-t-il.

Le transport

Le transport est la plus grande source de pollution lors d’un voyage.

Ainsi, « si l’on veut vraiment être écologique, on reste chez nous. Mais si tout le monde reste chez soi, on va nuire aux économies de pays en développement. C’est donc une question d’équilibre », souligne M. Grenier, qui recommande de voyager moins souvent, mais pour une plus longue durée.

Par exemple, au lieu de prendre l’avion pour un voyage d’une semaine par année, il est préférable de prendre l’avion pour un voyage de deux semaines, et ce, une fois tous les deux ans.

Et « ce n’est pas juste l’avion [qui est polluant], mais aussi les transports qu’on prend une fois à destination. Si l’on prend les transports en commun, cela améliore déjà la situation », affirme-t-il.

Le déplacement en voiture est ainsi à éviter.

Les abus

Les abus sont problématiques dans les tout-inclus, mais aussi au sein d’autres destinations de voyage.

« Le touriste en vacances se dit : “Moi, j’ai fait des sacrifices toute l’année pour ramasser mes sous et j’en veux pour mon argent.” Et c’est là qu’il ambitionne, fait remarquer Alain A. Grenier. Pourtant, ce n’est pas parce qu’on est en voyage qu’on n’a plus de responsabilité écologique. »

Le professeur observe même que certains touristes, en ayant des comportements nuisibles à l’environnement en voyage, annulent leurs efforts écologiques qu’ils ont faits avant d’arriver à destination (un effort écologique pourrait être, par exemple, de prendre les transports en commun pour aller au travail).

Ces abus entraînent donc, entre autres, le gaspillage de nourriture, d’eau et d’énergie, qui ont des effets néfastes sur l’environnement.

Par conséquent, « de nombreux complexes hôteliers ont enlevé les grands buffets afin d’éviter la perte de nourriture. On va y aller beaucoup plus avec des repas ciblés par la clientèle », constate Serge H. Malaison, de Voyages Centaure, qui ajoute que les pichets d’eau ont aussi été retirés de certains sites afin d’éviter le gaspillage d’eau.

Les contenants de boisson en verre, au lieu que ce soit en plastique jetable, sont aussi privilégiés au sein de certains hôtels

Quant au gaspillage d’énergie, M. Grenier souligne que l’air climatisé est un autre problème. « Les gens veulent aller chercher la chaleur [en voyageant] en hiver, et une fois sur place, les toits d’hôtels sont remplis de climatiseurs […]. À un moment donné, il va falloir s’habituer à la chaleur », croit-il.

Les conditions de travail

Dans une optique de durabilité, l’aspect social, tout comme l’environnement et l’économie, est à considérer.

« Si les voyagistes se rendent compte que les clients demandent que le personnel ait de bonnes conditions de travail [durant leur voyage], ils vont pouvoir faire des pressions sur les entreprises », soutient Alain A. Grenier.

En résumé

  • Les tout-inclus offrent des milieux qui concentrent des milliers de personnes, permettant ainsi de faciliter la gestion de comportements nuisibles à l’environnement ;
  • Des hôtels ont des certifications écologiques comprenant également les dimensions sociale et économique du développement durable, mais l’emplacement éloigné de certains de ces lieux est à tenir en compte ;
  • Puisque le transport est la plus grande pollution engendrée par les voyages, les séjours moins fréquents, mais d’une plus longue durée, sont à privilégier, tout comme les transports en commun une fois arrivé à la destination ;
  • En vacances, certains touristes peuvent être plus enclins à avoir des comportements nuisibles à l’environnement, d’où l’importance de faire attention aux abus comme le gaspillage de nourriture, d’eau et d’énergie ;
  • Puisque le développement durable comprend une dimension sociale, des voyageurs pourraient considérer de voyager dans des tout-inclus ayant de bonnes conditions de travail, ce qui pourrait sensibiliser des hôtels à répondre à cette demande.



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En savoir plus

  • En 2024, le nombre de touristes internationaux est estimé à 1,4 milliard.

    ONU Tourisme

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