Il y a des véhicules qui invitent naturellement à prendre la route. Le Volkswagen California en fait partie. Reposant désormais sur une nouvelle base technique, plus moderne et plus généreuse en dimensions, ce van emblématique conserve l’essentiel de ce qui fait son charme : rouler sans programme, avec tout ce qu’il faut à portée de main. Pour en prendre la mesure, j’ai pris la direction de la Suisse et du Liechtenstein pour un roadtrip de cinq jours, fait de routes de montagne, de bivouacs discrets et de réveils face aux sommets. Voici le récit de cette parenthèse roulante, entre impressions de conduite, vie à bord et plaisir simple d’avoir sa maison sur quatre roues.
Mais avant d’accéder à tout ça, il ne faudra pas hésiter à mettre la main au porte-monnaie. Je vous en parle dès le début parce que, comme vous allez pouvoir le constater, de nombreuses critiques peuvent être liées au prix. Car si le Volkswagen California débute à 68 400 € en finition Camper, il n’embarque alors qu’une mini-cuisine à l’arrière. Pour une cuisine complète, c’est tout de suite 76 850 € en finition Coast. Mais pour une expérience totale, mon modèle d’essai California Océan débute quant à lui à 84 000 € et toutes les options le font monter à 93 276 €. Par chance, un van aménagé étant considéré comme un VASP, au même titre qu’une ambulance, il échappe à tout malus !
Le départ s’est fait depuis Paris, cap à l’est, en évitant volontairement l’autoroute pour mieux savourer le voyage et profiter des premières heures à bord. Cette première journée s’est étirée jusqu’en Allemagne, dans le Bade-Wurtemberg, où nous avons trouvé un coin tranquille en forêt pour passer la nuit, à l’écart d’une route peu fréquentée une fois la nuit tombée. Pour ce genre de halte, une application comme Park4Night s’avère vite indispensable : elle recense les spots où dormir, mais aussi les points de ravitaillement ou les parkings bien situés. C’est d’autant plus utile que la législation sur le camping sauvage varie fortement selon les pays et les régions. Grâce aux commentaires d’autres voyageurs, on peut éviter les mauvaises surprises : habitant peu conciliant, contrôle de police ou amende salée. Côté conduite, les longues distances se parcourent sans fatigue excessive. Le poste de commande haut perché offre une bonne vision de la route et un sentiment de sécurité appréciable. Jusqu’à environ 110 km/h, l’insonorisation est maîtrisée ; au-delà, quelques bruits d’air se font entendre, mais rien de rédhibitoire. Le California repose désormais sur la plateforme du Multivan et non plus celle du Transporter, et cela se ressent : le comportement est plus doux, plus typé monospace que fourgon. L’amortissement reste alors plutôt correct sur les longues liaisons, et si vous le pouvez, la suspension pilotée DCC est probablement un incontournable. Puis sur ce type de trajet, la boîte DSG7 brille par sa discrétion et sa douceur. Mais une fois arrêtés, c’est surtout l’occasion de déployer pour la première fois le toit relevable électriquement, de découvrir l’espace à bord et de commencer à apprivoiser tout ce qu’il a à nous offrir.
Pour cette nouvelle génération, le Volkswagen California a opéré plusieurs évolutions notables. Sa longueur atteint aujourd’hui 5,17 m, soit 27 cm de plus que le modèle précédent, avec un empattement allongé de 12 cm ; de quoi offrir plus d’espace à bord et se tenir debout à plusieurs sans difficulté. Les deux portes coulissantes, une de chaque côté, apportent davantage de flexibilité selon l’emplacement choisi pour s’arrêter. À l’intérieur, la traditionnelle banquette laisse place à deux sièges individuels coulissants et amovibles, plus simples à ajuster ou à retirer selon les besoins. La cuisine latérale a été redessinée : le réchaud et l’évier sont intégrés dans un bloc plus compact, le réfrigérateur adopte un format tiroir de 37 litres, et la disposition des rangements a été revue. Les sièges avant pivotent toujours aussi facilement, pour transformer rapidement l’espace en coin repas ou salon. Le van dispose aussi de nombreuses lumières LED puissantes, à intensité réglable, qui permettent d’adapter l’ambiance à toute heure.
Le deuxième jour commence tôt, au calme, avec le chant des oiseaux en guise de réveil. Café, petits gâteaux, toilette rapide : chacun prend ses marques, et déjà il faut faire des choix. Voyager en van sur seulement quelques jours, c’est aussi accepter de ne pas tout voir pour mieux savourer ce que l’on découvre. Nous passons la frontière suisse par le canton de Schaffhouse. Les célèbres Chutes du Rhin – les plus grandes cascades d’Europe – nous font de l’œil, mais ce sera pour une autre fois. Direction le Château d’Arenenberg, perché au-dessus du lac, où Napoléon III passa une grande partie de sa jeunesse. Le lieu est superbement conservé, rempli de mobilier d’époque, baigné dans une atmosphère presque intacte. Ensuite, la route suit doucement les rives du lac de Constance, parsemées de petits villages où je ne peux que vous conseiller de flâner. Pour ma part, je choisis de faire une halte attendue depuis longtemps : le musée « autobau erlebniswelt », un trésor pour les amateurs d’automobile, niché dans une ancienne halle industrielle. On profite ensuite de la ville voisine, pour une balade en fin d’après-midi au bord de l’eau.
Avec les jours qui s’allongent et une météo clémente, la vanlife prend tout son sens. En fin de journée, on trouve un joli coin discret non loin du lac de Zurich, aux portes de la montagne. Apéro au grand air, la table pliante et les chaises astucieusement rangées dans le hayon sont rapidement installées. On se prépare ensuite un bon petit plat chaud : c’est l’avantage d’avoir une cuisine à bord même si elle doit se contenter d’un seul feu. Dommage ! En revanche, la nouvelle porte coulissante promettait un accès à la cuisine depuis l’extérieur, mais dans les faits, le couvercle bloque l’ensemble. Seule une tablette rétractable (bonne idée !) permet de couper quelques tomates dehors. Heureusement, le frigo s’avère quant à lui bien pratique pour organiser les aliments ou boissons à l’intérieur.
Direction le Liechtenstein pour ce troisième jour. Sur le chemin, une halte s’impose d’abord au village de Werdenberg, avec ses maisons en bois alignées au bord d’un petit étang et son château perché sur la colline. L’endroit, calme et photogénique, vaut le détour. Puis, à Vaduz, capitale de poche, on découvre tranquillement le château de la famille princière sur les hauteurs, puis le palais du gouvernement et la cathédrale Saint-Florin notamment. Moins de 40 000 habitants vivent dans ce petit pays, traversable en une journée si l’on ne s’attarde pas trop pour une randonnée ou du ski en hiver. De notre côté, le parcours vallonné se poursuit gentiment entre les jolies villes de Triesenberg, Steg et Malbun, avant de redescendre jusqu’au pied du Château Gutenberg, baigné dans une belle lumière de fin d’après-midi.
Pour notre troisième nuit, on retourne côté suisse et on grimpe encore un peu en altitude. La neige est toujours là, sur les sommets, et on se retrouve presque seuls au monde, sous le regard de quelques chevreuils. À bord, quelques critiques apparaissent : pas de miroir pour se préparer, un écran tactile lent au démarrage et qui s’éteint automatiquement au bout de cinq minutes sans interaction ; il est pourtant indispensable pour consulter l’état des réservoirs (29 litres d’eau propre, 22 litres d’eaux usées), de la batterie (2x LiFePo 40 Ah), ou pour gérer l’éclairage. On regrette aussi l’absence de panneau solaire, qui limiterait un peu la dépendance aux déplacements. Cela n’empêche pas le California d’avoir des atouts : les occultants intégrés (stores et toiles aimantées à l’avant) facilitent la mise en obscurité, et malgré une première impression de manque de rangements, on s’y retrouve. Les petits espaces disséminés sous les sièges, le long des parois ou au-dessus du coffre permettent d’organiser pas mal de choses. Les sièges avant se retournent encore plus facilement, et l’habitacle conserve une belle impression d’espace une fois installé. Peut-être que pour un périple un peu plus long, la perte de rangement se ferait sentir davantage.
Les tracés de montagne sont au programme de ce quatrième jour, même si de nombreux cols toujours fermés à cette période compliquent un peu l’organisation. Pas de grande traversée alpine donc, mais de belles routes tout de même, ponctuées de haltes au pont du Diable à Andermatt, à Flüelen au bord du lac, ou bien au monastère d’Einsiedeln. En temps normal, je ne peux que vous recommander d’aller jusqu’au col du Saint-Gothard, d’observer l’hôtel abandonné Belvédère au Furkapass ou encore de grimper jusqu’au célèbre Lac d’Oeschinen. Reste que ce type de tracé est parfait pour juger des qualités routières du California. Sous le capot, un petit 2.0 TDI de 150 ch, associé à une boîte DSG à 7 rapports. Pas si « petit » que ça au final : le couple de 360 Nm permet de relancer sans stress malgré les 2,5 tonnes à vide, y compris dans les pentes. À savoir qu’une version hybride rechargeable de 245 ch avec transmission intégrale fait tout juste son apparition. La direction, précise et rassurante, participe à l’agrément. On ne cherche évidemment pas à établir un chrono, mais l’ensemble reste suffisamment alerte pour ne pas devenir un boulet sur la route. En revanche, l’absence de frein moteur impose d’utiliser les palettes, surtout en descente. Heureusement, le système de freinage encaisse bien le rythme. Côté consommation, ce petit bloc diesel reste frugal : sur 2000 km d’essai, j’ai relevé une moyenne juste au-dessus de 6 l/100 km, avec des extrêmes à 5,5 l/100 sur départementales, 7 l/100 sur autoroute et, certes, un peu plus de 8 l/100 en montagne.
Puis voilà déjà venue l’heure de la dernière nuit. Nous avons passé tout le séjour à dormir sur le couchage supérieur, plus confortable grâce à son véritable sommier et ses dimensions plus généreuses (1,14 m de large pour 2,05 m de long). Si vous n’êtes que deux, le couchage inférieur peut faire office de lit d’appoint ou s’avérer utile lors de nuits plus froides, une fois les sièges rabattus (1,06 m x 1,98 m). Pour ça, le chauffage stationnaire intégré est d’un grand secours, avec un paramétrage simple. Attention toutefois : il faut un peu d’agilité pour monter ou descendre à l’étage, surtout si le lit est déjà occupé. L’accès est étroit, même si le sommier à vérin rend l’installation très facile. Enfin aux beaux jours, les ouvertures sur la toile permettent de dormir presque entièrement à la belle étoile ou d’être baigné de lumière, d’air ou de simplement bénéficier d’une jolie vue.
Avant de reprendre la route vers la capitale, nous avons pris le temps de découvrir deux charmants villages suisses : Bremgarten et Lenzburg, dont le château domine de jolies villas d’époque. De quoi conclure en douceur une escapade qui aura permis de mieux cerner ce que propose cette nouvelle génération du Volkswagen California. Je n’ai pas évoqué le poste de conduite jusque-là, mais il reste très proche de ce que l’on trouve sur d’autres modèles de la marque, avec un Digital Cockpit bien lisible, un écran tactile de 10 pouces fluide et complet, une ergonomie pas toujours intuitive et toutes les aides à la conduite attendues, dont une caméra de recul bien utile au moment de se garer. Ce California se montre à la fois plus spacieux et plus agréable à conduire que le précédent. La plateforme de Multivan apporte en effet un vrai gain en confort et en maniabilité, sans renier ce qui fait le charme de ce type de van : une vraie liberté de mouvement, la possibilité de s’arrêter presque n’importe où et une autonomie qu’on ne boude pas. Quelques détails pourraient encore être optimisés, comme l’ajout d’un deuxième feu pour la kitchenette, d’une petite table coulissante intérieure, d’un réservoir d’eau plus généreux et de rangements plus vastes. Mais globalement, avec son équipement, sa modularité bien pensée et sa qualité de fabrication, ce nouveau California conserve ce mélange de confort, de praticité et d’envie d’évasion qui a fait sa réputation.
Crédits photos : Thomas Donjon (Fast Auto), Volkswagen France (photos intérieures)
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